Le projet « Slowbuilding and ecosystem » de 9 étudiants, dont 6 de l’INSA Strasbourg, a séduit et bousculé le jury du concours international Wellbuilding 2050, qui a créé pour lui le prix spécial. Décerné le 23 novembre lors du colloque Build and Connect, il salue le travail transversal et pluridisplinaire de la « Melteam Pot », ainsi qu’une vision écologique et slow d’habiter en 2050.
A quoi ressemblera notre habitat en 2050 ? Comment imaginer les villes durables et désirables de demain ? C’est sur ce thème du désir, proposé par le groupe Elithis, que 10 équipes d’étudiants sélectionnées ont concouru de juillet à octobre 2016, venant de tous les pays : Allemagne, USA, Chine, Inde, Mexique, Ukraine, Vietnam…
La « Melteam » Pot, composée de 9 étudiants français dont 6 de l’INSA Strasbourg, « est fière d’avoir réussi à émouvoir et interpeler le jury. C’est une gratification encore plus grande, si nous avons pu susciter des remises en question » commente Clément Guineaudeau, diplômé architecte et étudiant en génie civil à l’INSA Strasbourg.
Dreamteam
L’équipe réunit des diplômés et étudiants architectes, des élèves ingénieurs en génie civil et génie climatique, dont certains en double parcours architecte, des étudiants en commerce, sciences po et design graphique ! Formée sur la base de réseaux et d’amitiés, ils viennent de l’INSA Strasbourg, Sciences Po Strasbourg, HEC Paris et l’ESAD d’Amiens.
Ils ont élaboré une vision commune et chacun a apporté ses compétences. Les uns ont dessiné les plans, les autres imaginé les solutions énergétiques, d’autres ont aidé à clarifier la pensée, réfléchi à la structure, rédigé en anglais ou mis en page le document final. « On avait toutes les compétences pour réussir ce projet » dit Anémone Degand, architecte et élève ingénieur en génie climatique et énergétique.
Recréer un écosystème
Leur vision est sociale et écologique, « une utopie sur le vivre ensemble en 2050 ». Ils l’ont rêvée mais ils ont aussi voulu l’ancrer dans le réel et l’ont imaginé dans un immeuble inoccupé du centre historique à Strasbourg. « La réhabilitation, c’est l’avenir » souligne l’étudiante. Ils proposent un habitat partagé, communautaire, modulaire, intégrant l’agriculture urbaine avec des jardins en permaculture et une chambre à champignons, et basé sur l’économie circulaire dans laquelle les déchets sont des ressources. Par exemple, l’armature est une structure en acier issue du démantèlement d’un bâtiment au Port du Rhin. « Elle est une grille structurelle dans laquelle on vient implanter des espaces modulaires » explique Clément.
Perspective intérieure – ©Melteampot
Sobriété
Ils ont imaginé une vie en communauté, qu’ils souhaitent intergénérationnelle et mixte socialement, organisée en chambres individuelles et espaces partagés : jardins, cuisine à vivre, salles de jeux, de discussion ou de méditation… « Notre projet axe sur un mode de vie plus sobre en 2050 » explique Anémone. Le projet intègre ce qui se fait de mieux en matière de développement durable : récupération de chaleur, d’énergie et d’eau, énergies renouvelables (éolien, solaire, méthanisation), stockage de la chaleur, réutilisation, inertie des matériaux…
Etant répartis à Strasbourg, Paris, le Sud et Amiens, ils travaillaient par petits groupes et utilisaient Skype, les mails, un réseau social et le cloud pour échanger leurs idées et partager leur travail. Anémone : « Ça a très bien fonctionné. Ce concours était une bonne opportunité pour collaborer avec des spécialités autres qu’ingénieur ou architecte. Je me suis rendue compte de l’importance de la transdisciplinarité pour la réussite d’un projet. C’était très enrichissant. » Avec les 2500 dollars du prix, ils prévoient de partir ensemble en week-end, pour pouvoir, enfin, se voir ensemble tous les 9 !
Stéphanie Robert
Le mot du jury : « Ce projet nous montre qu’il est possible de casser les codes des représentations, de construire la ville sur la ville en respectant celle-ci et en s’appuyant sur le lien social, de concevoir un Habitat incitatif entraînant les usagers vers le participatif, le partage et l’entraide. La philosophie du « slow » détaillée par cette équipe traduit en filigrane le progrès social. »