Du 17 au 19 mai 2023, l'INSA Strasbourg a organisé un événement multiplicateur dans le cadre du projet e-CREHA. L'événement, intitulé “à propos des hétérotopies climatiques”, comprenait un jury international et une série de séminaires ouverts aux étudiant.es en architecture, suivis d'une session d'atelier.
« La science progresse lorsque elle se libère de toutes les contraintes méthodologiques et que les différentes perspectives du monde rivalisent les unes avec les autres. Indogmatique, irrationnelle et anarchique – voilà comment la science devrait être.«
(Paul Feyerabend, cité dans Hürter et Rauner 2014, p. 36 – traduit de l’anglais par Lazaros Mavromatidis *).
libérer la tapisserie infinie de l’architecture ou illuminer des voies imprévisibles vers l’avenir.
Dans la philosophie de la connaissance de Paul Feyerabend, où les méthodes scientifiques s’expriment sans restrictions, nous découvrons des éléments de savoir qui pourraient pertinemment être appliqués à la pédagogie de l’architecture, en soulignant l’urgence de l’introduction de la recherche transdisciplinaire. La création par le biais de la pédagogie d’un univers conceptuel, où la libre circulation des idées et des approches méthodologiques est encouragée, remettra en question les paradigmes conventionnels et ouvrira la voie à une exploration plus holistique de la connaissance de la discipline de l’architecture. Cela implique d’adopter une approche interdisciplinaire, où les frontières traditionnelles entre les domaines de la connaissance sont effacées, permettant ainsi des échanges fructueux entre la science, l’art et l’architecture.
L’architecture, en tant qu’expression créative de la vision humaine, peut grandement bénéficier de cette approche transdisciplinaire. En intégrant des méthodes de recherche provenant de divers domaines, tels que la sociologie, l’anthropologie, la thermodynamique et les sciences de l’environnement, les architectes peuvent développer une compréhension plus complète des besoins et des aspirations des utilisateurs de l’espace construit.
En conséquence, en embrassant l’appel de Feyerabend à une approche scientifique non dogmatique, les pratiques pédagogiques en architecture pourraient ainsi subir une transformation en un environnement propice à la création de connaissances. Libérant les chaînes de la convention lors de l’enseignement de l’architecture, le but d’un acte pédagogique pourrait être de créer pédagogiquement une « symphonie non dogmatique et anarchique ». Au sein de cette symphonie, des paysages pédagogiques se déploient, ornés de teintes vibrantes de connaissances. Des séminaires ouvrant des dialogues transdisciplinaires devraient s’entrelacer avec des réflexions architecturales, donnant naissance à une fusion harmonieuse des disciplines.
Ainsi, grâce à l’intégration de la recherche transdisciplinaire, qui encourage la collaboration et la fusion de différentes disciplines, l’éducation architecturale pourrait transcender les frontières traditionnelles et favoriser une compréhension holistique de l’environnement construit par rapport à un processus conceptuel créatif. Un tel curriculum interdisciplinaire permettrait aux étudiants d’explorer les connexions complexes entre l’architecture, l’ingénierie, les sciences sociales et les études environnementales, dévoilant un panorama profond des interactions qui constituent notre monde physique. Les étudiant.es peuvent se lancer dans un voyage à travers des « royaumes enchantés », où l’architecture converge avec l’essence de ce que l’on peut appeler une « discipline artistique scientifiquement ouverte ». Les frontières pourraient ainsi peu à peu s’estomper, à mesure que des interconnexions se révèlent, peignant un panorama profond de la « tapisserie entrelacée qui orne notre monde physique ».
Ainsi, l’objectif de l’acte pédagogique doit être de donner naissance à des esprits libérés, favorisant l’envolée de la pensée critique et allumant les étincelles d’une créativité débridée. À travers l’action de la création, les étudiants peuvent traverser les domaines de possibilité, imprégnés de l’audace de forger de nouvelles voies et de la résilience pour surmonter les défis qui osent entraver le progrès. En conséquence, cette approche pourrait nourrir des esprits curieux, favoriser la pensée critique, stimuler la créativité sans entraves et développer des compétences en résolution de problèmes, équipant ainsi les futur.es architectes d’une perspective élargie et de la capacité à relever les défis complexes d’un monde en constante évolution.
Par la suite, armé.es d’un kaléidoscope de perspectives, nos étudiant.es en architecture peuvent émerger en tant que « gardien.nes » de l’environnement bâti, prêt.es à naviguer dans les complexités labyrinthiques d’un monde en perpétuel changement. Ainsi, la pédagogie peut manier la fusion des disciplines comme de « pinceaux éthérés », créant des structures qui transcendent le banal, allant au-delà de la simple fonctionnalité pour évoquer des émotions et embrasser l’esprit humain en relation avec la nature inanimée et animée.
e-CREHA (Education for Climate-Resilient European Architectural Heritage) est un projet financé par l’Union européenne qui vise à fournir un cours en ligne et une méthodologie innovants transdisciplinaires par le biais d’un apprentissage mixte. Le projet met principalement l’accent sur le développement de la résilience climatique pour le patrimoine bâti à travers l’Europe, tout en améliorant la pertinence, les qualités et l’impact du patrimoine dans l’enseignement et la recherche en conception architecturale. L’INSA Strasbourg est un partenaire important du projet. Le Maître de Conférences Lazaros Mavromatidis, Architecte-Ingénieur titulaire d’un doctorat et d’une HDR, participe au consortium international en représentant l’École d’Architecture et est impliqué dans la conception du projet.
Du 17 au 19 mai 2023, l’INSA Strasbourg a organisé un événement de diffusion dans le cadre du projet e-CREHA. L’événement, intitulé « à propos des hétérotopies climatiques », comprenait un jury international et une série de séminaires ouverts aux étudiant.es en architecture, suivis d’une session d’atelier. Burcu Selcen Coskun, Professeure associé à l’Université des Beaux-Arts Mimar Sinan à Istanbul, et Michal Pelczarski, ingénieur titulaire d’un doctorat et enseignant chercheur à l’Université des Sciences et Technologies de Wroclaw, se sont joints à Nicolas Serres et Lazaros Mavromatidis, Maîtres de Conférences à l’INSA Strasbourg, dans la salle d’atelier. Ils ont engagé des séminaires et des discussions sur divers sujets, notamment les impacts du changement climatique sur le patrimoine architectural, l’évaluation du cycle de vie et l’écoconception, la modélisation physique et le prédimensionnement des structures architecturales en phase amont et les techniques de composition et les outils volumétriques pour atténuer les impacts du changement climatique sur les espaces architecturaux.
patrimoine architectural : dévoiler la tapisserie intemporelle ou déterrer l’héritage architectural pour forger un avenir inspiré grâce à un programme de séminaires transdisciplinaires
La philosophie de Heidegger offre un point de départ profond pour contempler l’essence du patrimoine architectural. Selon Heidegger, la signification d’un bâtiment ne réside pas seulement dans ses attributs fonctionnels ou esthétiques, mais aussi dans sa capacité à révéler les aspects historiques, culturels et existentiels de l’existence humaine. Du point de vue de Heidegger, le patrimoine architectural transcende sa forme physique et devient un réceptacle de mémoire collective et d’expériences partagées. Il incarne un sentiment d’enracinement, reliant les générations présentes au passé et favorisant une compréhension profonde de notre place dans le monde. Ainsi, le patrimoine architectural, dans les termes heideggériens, est une manifestation de « l’être-au-monde » qui reflète notre trajectoire historique et façonne notre avenir. Il nous invite à engager un dialogue réfléchi avec notre environnement construit, dévoilant des couches de sens et invitant à la contemplation de notre identité, de nos valeurs et de notre relation avec le monde. Ainsi, l’objectif principal de cet événement de diffusion était de discuter avec les participants de la manière dont le patrimoine architectural se révèle être un témoignage profond du parcours humain, illuminant l’interaction entre le temps, l’espace et notre condition existentielle sous le spectre du changement climatique.
Le séminaire de Burcu Selcen Coskun a apporté des éclairages significatifs et a souligné l’importance de faire face à l’urgence de la lutte contre le changement climatique. Cette lutte ne se limite pas seulement à la préservation du patrimoine architectural, mais vise également à protéger le réseau interconnecté de relations humaines et non humaines qu’il représente. Il est largement admis que le changement climatique constitue une menace importante pour le patrimoine architectural. L’architecte, à travers ses conceptions spatiales, doit accorder une attention particulière aux interdépendances complexes entre les êtres humains, leur environnement construit et le monde naturel.
Ainsi, face au changement climatique, le patrimoine architectural devient de plus en plus vulnérable aux conditions environnementales changeantes. L’élévation du niveau de la mer, les événements météorologiques extrêmes et les changements climatiques peuvent compromettre l’intégrité structurelle des bâtiments et des sites historiques, entraînant leur dégradation voire leur perte. De plus, les risques naturels peuvent accroître l’inconfort et nuire à la dimension culturelle du patrimoine architectural. Par exemple, les travaux de Bruno Latour nous incitent à reconnaître que les impacts du changement climatique ne se limitent pas au domaine naturel, mais résonnent à travers le tissu socio-culturel étroitement lié au patrimoine architectural. La perte potentielle ou l’altération des trésors architecturaux ne signifie pas seulement la disparition de structures physiques, mais aussi l’effacement des récits culturels, des mémoires collectives et des liens complexes entre les communautés et leur héritage bâti.
De manière complémentaire, le séminaire de Nicolas Serres a offert une perspective selon laquelle la recherche sur l’analyse du cycle de vie peut être intégrée à la pédagogie de l’architecture, favorisant une approche critique et réflexive. Du point de vue pédagogique, l’idée de cycle de vie et de recyclage traite directement des notions de construction et de déconstruction tout en remettant en question les hypothèses sous-jacentes et la pensée binaire qui dominent souvent les modes traditionnels de production de connaissances. Par exemple, lorsque l’enseignement du courant de déconstructivisme est appliqué comme processus de réflexion à l’analyse du cycle de vie, il s’intègre dans une perspective qui encourage les étudiants à remettre en question la dichotomie entre l’environnement construit et son écosystème environnant. Cela se fait en introduisant des apports théoriques et philosophiques, permettant ainsi aux étudiants de développer une compréhension plus profonde des interactions complexes entre l’architecture, l’environnement naturel et les systèmes environnants.
De ce point de vue, la pédagogie en architecture peut s’engager, par exemple, avec des éléments de pensée qui émergent dans la philosophie de Jacques Derrida, en mettant l’accent sur les interconnexions et les interdépendances entre toutes les étapes du cycle de vie d’un bâtiment. Cela mettrait en évidence la fluidité, l’indétermination et l’interconnexion du sens et de l’existence – de l’extraction des matériaux et de la construction à l’utilisation, à l’entretien et à la démolition ou à l’adaptation éventuelle par le biais d’une démarche de déconstruction. En intégrant ces concepts dans l’enseignement de l’architecture, les étudiants sont encouragés à examiner de manière critique les processus de conception, de construction et d’utilisation des bâtiments. Ils sont invités à considérer l’impact environnemental, social et culturel de chaque étape du cycle de vie d’un bâtiment, en mettant l’accent sur la nécessité de créer des espaces durables, flexibles et adaptables. La démarche de déconstruction, dans ce contexte, ne se limite pas à la démolition physique d’un bâtiment, mais renvoie à une approche conceptuelle qui remet en question les idées préconçues, les hiérarchies et les normes établies dans la conception architecturale. Elle encourage les étudiants à considérer l’évolution des besoins, des valeurs et des contextes socio-culturels, et à concevoir des espaces qui peuvent s’adapter et se transformer au fil du temps.
Ainsi, la pédagogie en architecture, en intégrant des éléments de pensée issus de la philosophie de Jacques Derrida dans un contexte d’étude parallèle avec une démarche scientifique comme l’analyse de cycle de vie, permet aux étudiants d’adopter une approche réflexive, critique et holistique de la conception architecturale, en mettant l’accent de façon scientifique sur la durabilité, l’adaptabilité et les interconnexions entre les différentes étapes du cycle de vie des bâtiments. En introduisant la recherche sur l’analyse du cycle de vie dans la pédagogie de l’architecture, les étudiants peuvent explorer qualitativement et quantitativement les implications environnementales, sociales, économiques et existentielles des choix architecturaux dans des échelles de temps logarithmique. Cette approche les invite à examiner de manière critique l’impact écologique des décisions de conception, à envisager des matériaux et des techniques de construction alternatives, et à évaluer la durabilité à court, moyen et long terme des interventions architecturales en explorant l’interconnexion du sens et de l’existence. Ainsi, l’analyse du cycle de vie peut devenir un outil transformateur, permettant aux étudiants de remettre en question les paradigmes existants, d’embrasser la complexité et de cultiver un profond sentiment de responsabilité envers l’environnement, l’architecture et les générations futures.
Le séminaire de Lazaros Mavromatidis a offert des orientations précieuses pour intégrer des techniques de composition spécifiques dans la conception architecturale, notamment dans des contextes patrimoniaux, afin de favoriser une résilience durable face aux impacts du changement climatique. Des techniques de composition clés ont été présentées, notamment la spécificité du site, la sensibilité au contexte et la réutilisation adaptative, en mettant l’accent sur la déconstruction des dichotomies traditionnelles et la remise en question des significations fixes. La spécificité du site implique une compréhension approfondie des aspects écologiques, culturels et historiques du site, permettant à nos étudiant.es futur.es architectes de comprendre concrètement comment concevoir en harmonie avec l’environnement naturel et le tissu culturel existant, en s’entrelaçant avec des outils d’analyse du cycle de vie et l’interconnexion du sens et de l’existence.
La sensibilité au contexte implique de répondre aux environs immédiats, en tenant compte de l’échelle, de la proportion et des relations visuelles pour assurer la cohérence et l’intégration dans le contexte urbain ou naturel. Le séminaire remettait également en question les notions établies d’espace, de forme et de sens, favorisant une approche plus fluide et dynamique de la conception en relation avec les conditions microclimatiques locales. En embrassant les interconnexions entre divers aspects de l’architecture, tels que l’histoire, le patrimoine, le contexte et les facteurs socioculturels, la conférence incitait les étudiant.es à anticiper le changement climatique en créant des espaces qui reflètent les complexités et les multiplicités des expériences humaines tout en remettant en question les frontières conventionnelles.
De plus, la réutilisation adaptative a été présentée comme une approche durable, mettant l’accent sur la réaffectation volumétrique des structures existantes. Cette méthode a été présentée comme permettant de réduire la consommation de matériaux et de préserver l’énergie incorporée dans l’environnement construit. En utilisant ces techniques de composition, le séminaire a fourni des outils et des gestes architecturaux visant à ce que la conception architecturale intègre dans son ADN une résilience durable, en créant des bâtiments qui s’harmonisent avec leur environnement, réduisent l’impact environnemental et soutiennent le bien-être à long terme des communautés humaines et écologiques.
Enfin, Michal Pelczarski s’est concentré lors de son séminaire sur le rôle crucial de la conception structurelle dans la génération de formes inspirées par le patrimoine architectural (dômes, murs curvilignes, etc.) et capables d’anticiper les défis posés par le changement climatique. Il a souligné l’importance d’une approche organique et holistique de l’architecture, où la forme découle d’une compréhension profonde de sa structure et de sa matérialité. Lorsqu’il aborde le changement climatique, la conception structurelle peut également intégrer des principes favorisant la durabilité, la résilience et l’adaptation. Par le biais d’une fusion de savoirs traditionnels et de technologies innovantes, la conception structurelle en étant inspirée de l’héritage architectural, peut embrasser l’esprit du patrimoine architectural tout en abordant de manière proactive les futurs défis du changement climatique, créant des formes non conventionnelles qui s’harmonisent avec la nature, favorisent le bien-être humain et assurent un avenir durable.
En conclusion, l’événement multiplicateur e-CREHA a fourni des orientations précises et scientifiques pour intégrer dans le curriculum de la pédagogie en architecture des méthodes pédagogiques qui mettent l’accent sur des techniques de composition et des méthodologies scientifiques pouvant guider la conception architecturale vers une résilience durable dans les contextes patrimoniaux, atténuant les impacts du changement climatique. Cet événement multiplicateur visait à introduire de façon très synthétiques les principes du module e-CREHA. e-CREHA est un projet qui a comme objectif principal d’institutionnaliser une nouvelle façon d’atteindre une résilience durable qui embrasse le passé, répond au présent et préserve l’avenir, contribuant ainsi à la préservation du patrimoine architectural et à la production de nouvelles spatialités tout en abordant les défis urgents du changement climatique.
Au crépuscule des temps modernes, l’essence même de l’héritage architectural se dévoile tel un fil d’Ariane reliant notre passé, notre présent et notre avenir. Dans l’écho des paroles de Heidegger, les édifices se transforment en vaisseaux de mémoire collective, témoignant des strates historiques, culturelles et existentielles de notre humanité. Au cœur de ce tissage complexe, l’architecture patrimoniale révèle notre être-au-monde, invoquant une réflexion profonde sur notre identité, nos valeurs et de façon général notre relation au monde. Ainsi, dans l’éclat de cette confluence transdisciplinaire, l’événement multiplicateur e-CREHA a insufflé une nouvelle vision à propos de ce qu’on appelle “héritage architectural”; celle d’une résilience éclairée par le passé, ancrée dans le présent et guidée par les impératifs d’un avenir harmonieux. En s’inspirant d’un héritage préservé et en concevant des espaces empreints de sens, nous nous élevons au-dessus des tumultes du temps, tissant une symphonie architecturale où l’humanité et la nature se fondent dans une danse éternelle.
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(English Version)
About the Method : e-CREHA multiplier event
“Science makes progress when it frees itself from all methodological constraints and the various world views compete with one another. Undogmatic, irrational and anarchic – that’s how science should be.” (Paul Feyerabend, cited in Hürter and Rauner 2014, p. 36).
Citation : Hürter T., Rauner M., 2014, Ist das Forschung oder kann das weg? Die Zeit, n. 41, 35-36.
Unleashing the infinite tapestry of architecture or illuminating unpredictable pathways to the future
In the ethereal realm of Paul Feyerabend’s vision, where science dances unrestrained, we find whispers of wisdom that gracefully may traverse to the pedagogy of architecture, highlighting the imperative need to introduce transdisciplinary research. By embracing Feyerabend’s call for an undogmatic and anarchic scientific approach, pedagogical practices in architecture undergo a transformation into an environment conducive to knowledge creation. Liberating the shackles of convention when teaching architecture the purpose of a pedagogical act may be to call for an « undogmatic and anarchic symphony« . Within this symphony, pedagogical landscapes unfurl, adorned with vibrant hues of knowledge. Transdisciplinary whispers should intertwine with architectural musings, birthing a harmonious fusion of disciplines.
Thus, through the integration of transdisciplinary research, which encourages collaboration and the fusion of different disciplines, architectural education may transcend traditional boundaries and may foster a holistic understanding of the built environment in relation to a creative conceptual process. This interdisciplinary movement aims to allow students to explore the complex connections between architecture, engineering, social sciences, and environmental studies, unveiling a profound panorama of the interactions that constitute our physical world. Students may embark on a journey through « enchanted realms« , where architecture converges with the essence of what we can call an « open-ended scientifically artistic discipline ». Boundaries may gradually blur, as interconnections reveal themselves, painting a profound panorama of the interwoven tapestry that adorns our physical world.
Thus the objective of the pedagogical act has to be to give birth to liberated spirits, fostering the flight of critical thought and igniting the sparks of unbridled creativity. Through the action of creation, the students may traverse the realms of possibility, imbued with the audacity to forge new pathways, and the resilience to conquer challenges that dare to hinder progress. As a result, this approach may nurture curious minds, promote critical thinking, stimulate uninhibited creativity, and develop problem-solving skills, equipping future architects with an expanded perspective and the ability to tackle the complex challenges of an ever-evolving world.
Afterwards, armed with a kaleidoscope of perspectives, students of architecture may emerge as « guardians » of the built environment, poised to navigate the labyrinthine complexities of an ever changing world forever in flux. Thus, the pedagogy may wield the fusion of disciplines like « ethereal brushes », crafting structures that transcend the mundane, transcending mere functionality to evoke emotions and embrace the human spirit in relation to inanimate and animate nature. Each step an exploration, each note a revelation, the undulating rhythm of transdisciplinary research may guide the crescendo of pedagogic discovery. And within this « poetic ode » to learning, students of architecture may find their voice, harmonizing with the universe, and etching their mark upon the tapestry of time.
e-CREHA (Education for Climate-Resilient European Architectural Heritage) is a European Union-funded project aiming to deliver an innovative transdisciplinary e-learning course and methodology through blended learning. The project’s primary focus is on developing climate resilience for built heritage across Europe while enhancing the relevance, qualities and impact of heritage in architectural design education or research. INSA Strasbourg is an important project partner. Associate Professor Lazaros Mavromatidis, Phd & HDR Architect-Engineer, participates in the international consortium representing the School of Architecture, being involved in the conception of the project.
On May 2023 (17-19 May 2023), INSA Strasbourg hosted a multiplier event in the framework of the e-CREHA project (a seminar series + an international jury). The event, titled « About Climatic Heterotopias » featured an open seminar series for architecture students, followed by a workshop session. Burcu Selcen Coskun, Associate Professor at Mimar Sinan Fine Arts University in Istanbul, and Michal Pelczarski, PhD engineer at Wroclaw University of Science and Technology, joined Nicolas Serres and Lazaros Mavromatidis, Associate Professors at INSA Strasbourg, in the workshop room. They engaged in discussions on various topics including the hazards of climate change on architectural heritage, life cycle assessment and eco-conception, physical modeling in shaping architectural structures, composition techniques, and volumetric toolkits to mitigate the impacts of climate change on architectural spaces.
About architectural heritage : unveiling the timeless tapestry or unearthing the architectural legacy to forge an inspired future through a transdisciplinary seminar program
Heidegger’s philosophy provides a profound starting point for contemplating the essence of architectural heritage. According to Heidegger, the significance of a building lies not merely in its functional or aesthetic attributes but also in its ability to reveal the historical, cultural, and existential aspects of human existence. From Heidegger’s perspective, architectural heritage transcends its physical form and becomes a vessel of collective memory and shared experiences. It embodies a sense of rootedness, connecting present generations with the past, and fostering a profound understanding of our place in the world. Thence, architectural heritage, in Heideggerian terms, is a manifestation of the « being-in-the-world » that reflects our historical trajectory and shapes our future. It invites us to engage in a reflective dialogue with our built environment, unveiling layers of meaning and inviting contemplation of our identity, values, and relationship with the world. So the main purpose of this multiplier event was to discuss with the participants how architectural heritage emerges as a profound testament to the human journey, illuminating the interplay between time, space, and our existential condition under the spectrum of climate change.
Burcu Selcen Coskun’s lecture provided insights and urge us to confront the urgency of addressing climate change, not only to preserve architectural heritage but to protect the interconnected web of human and non-human relationships that it represents. There is widespread acceptance that climate change poses a significant threat to architectural heritage, as indirectly highlighted by the insightful perspectives of Bruno Latour’s work. Latour’s work emphasizes the intricate interdependencies between humans, their built environment, and the natural world. Thus, in the face of climate change, architectural heritage becomes increasingly vulnerable to the shifting environmental conditions. Rising sea levels, extreme weather events, and changing climates can jeopardize the structural integrity of historical buildings and sites, leading to their degradation or even loss. Furthermore, natural hazards may increase discomfort and harm the cultural dimension of architectural heritage. Latour prompts us to recognize that the impacts of climate change are not confined to the realm of the natural, but reverberate through the socio-cultural fabric intertwined with architectural heritage. The potential loss or alteration of architectural treasures not only signifies the loss of physical structures but also the erasure of cultural narratives, collective memories, and the intricate connections between communities and their built past.
In a complementary manner, Nicolas Serres’ lecture offered a lens through which life cycle analysis research can be integrated into the pedagogy of architecture, fostering a critical and reflective approach. From a pedagogical point of view, the idea of life cycle and recycling deals directly with the notions of construction and deconstruction while challenging the underlying assumptions and binary thinking that often dominate traditional modes of knowledge production. For example, when deconstruction theory – as an established system of thinking- is applied to life cycle analysis, it merges into a perspective that encourages students to question the dichotomy between the built environment and its surrounding ecosystem introducing philosophical theoretical inputs. From this perspective pedagogy in architecture may engage for exemple with Derrida’s theory by emphasizing the interconnections and interdependencies between all stages of a building’s life cycle underlying the fluidity, indeterminacy, and interconnectedness of meaning and existence : from material extraction and construction to use, maintenance, and eventual demolition or adaptation. By introducing life cycle analysis research into the pedagogy of architecture, students can explore the environmental, social, economic and existential implications of architectural choices over time. This approach invites them to critically examine the ecological impact of design decisions, consider alternative materials and construction techniques, and assess the long-term sustainability of architectural interventions exploring the interconnectedness of meaning and existence. So life cycle analysis may become a transformative tool, empowering students to challenge existing paradigms, embrace complexity, and cultivate a deep sense of responsibility towards the environment, the architecture and future generations.
Lazaros Mavromatidis’ lecture offered valuable guidance for integrating specific composition techniques in architectural design, particularly in heritage contexts, to foster sustainable resilience in the face of climate change impacts. Key compositional techniques have been presented including site-specificity, contextual sensitivity, and adaptive reuse through an emphasis on deconstructing traditional dichotomies and challenging fixed meanings. Site-specificity entails a deep understanding of the site’s ecological, cultural, and historical aspects, allowing students of architecture to understand how to design in harmony with the natural environment and existing cultural fabric intertwining with life cycle analysis tools, energy assessment tools and interconnectedness of meaning and existence. Contextual sensitivity involves responding to the immediate surroundings, considering scale, proportion, and visual relationships to ensure coherence and integration within the urban or natural context. The lecture questioned also established notions of space, form, and meaning, promoting a more fluid and dynamic approach to design in relation to local microclimatic conditions. By embracing the interconnections between various aspects of architecture, such as history, heritage, context, and socio-cultural factors, the lecture incited the students to anticipate climate change by creating spaces that reflect the complexities and multiplicities of human experiences while challenging conventional boundaries. Furthermore, adaptive reuse was introduced as a sustainable approach, emphasizing the repurposing of existing structures. This method has been presented to reduce material consumption and preserve the embodied energy within the built environment. By employing these composition techniques, the lecture provided merely architectural tools and gestures with the aim that architectural design embrace sustainable resilience, creating buildings that harmonize with their surroundings, minimize environmental impact, and support the long-term well-being of both human and ecological communities.
Michal Pelczarski focused during his lecture on how the structural design plays a crucial role in the generation of forms that are inspired by architectural heritage (domes, curvilinear walls etc) and are capable of anticipating the challenges posed by climate change. He emphasized the importance of an organic and holistic approach to architecture, where the form arises from a deep understanding of its structure and materiality. When addressing climate change, structural design can also incorporate principles that promote sustainability, resilience, and adaptation. Through an amalgamation of traditional wisdom and innovative technologies, structural design can embrace the spirit of architectural heritage while proactively addressing the future challenges of climate change, creating forms that harmonize with nature, promote human well-being, and ensure a sustainable future.
In conclusion, the e-CREHA multiplier event provided precise and scientific guidance for incorporating composition techniques and scientific methodologies that can guide architectural design towards sustainable resilience in heritage contexts, mitigating the impacts of climate change. The multiplier event’s output introduced a way of thinking regarding how the e-CREHA course may be integrated in the curriculum of Schools of Architecture. e-CREHA aims to institutionalize a new way of achieving a sustainable resilience that embraces the past, responds to the present, and safeguards the future, ultimately contributing to the preservation of architectural heritage and producing novel spatialities while addressing the urgent challenges of climate change.
At the twilight of modern times, the essence of architectural heritage unveils itself as an Ariadne’s thread, connecting our past, present, and future. In the echoes of Heidegger’s words, buildings transform into vessels of collective memory, bearing witness to the historical, cultural, and existential layers of our humanity. At the core of this intricate tapestry, architectural heritage reveals our being-in-the-world, invoking profound reflection on our identity, values, and relationship with animate and inanimate nature.
Thus, in the radiance of this transdisciplinary convergence, the e-CREHA multiplier event has infused a new vision of our architectural heritage—an enlightened resilience, rooted in the past and guided by the imperatives of a harmonious future. Through the preservation of this heritage and the creation of spaces imbued with meaning, we rise above the tumults of time, weaving an architectural symphony where humanity and nature merge in an eternal dance.
In this quest, we commit to becoming vigilant guardians of this heritage, blending tradition and innovation, constructing edifices that transcend the tangible to reach the heights of inspiration. By embracing the lessons of the past and anticipating the challenges of the future, we weave a new fabric, an alliance between architecture, engineering, environment, and humanity. Thus, in the eternal architectural saga, we leave our imprint on the infinite canvas of time, allowing our heritage to rise, eternal and inspired, in service to present and future generations.
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*Hürter T., Rauner M., 2014, Ist das Forschung oder kann das weg? Die Zeit, n. 41, 35-36.
note of the author: The phrases enclosed within quotation marks have been unconsciously selected and/or inspired from the works of Charles Baudelaire (French poet, essayist, art critic and translator) and Edgar Allan Poe (American writer, poet, editor, and literary critic) / Les phrases entre guillemets sont inconsciemment choisies parmi et/ou inspirés par les œuvres de Charles Baudelaire (poète, essayiste, critique d’art et traducteur français) et Edgar Allan Poe (écrivain, poète, éditeur et critique littéraire américain).