Devant un amphithéâtre Arts et industries plus que comble et vibrant, Daniel Schoen, architecte et président du jury plénier des diplômes d’architecture 2024, a partagé la vision des jurys, traditionnellement adressée aux tout juste diplômés et à tous les étudiants de l’école d’architecture. Une boussole pour ces futurs professionnels.
Vendredi 27 septembre 2024 s’est tenue l’annuelle cérémonie de distribution des attestations de réussite, à l’issue de deux jours de soutenances et de trois semaines et demi d’intensifs. Comme chaque année, le président plénier s’est exprimé au nom des 6 présidents de sous-jury (72 membres au total) pour délivrer un message aux futurs professionnels et « transmettre la richesse de ces deux jours d’échanges ». L’assemblée, constituée des 42 diplômés 2024, de leur famille, des enseignants et des étudiants en architecture toutes promotions confondues, était en liesse. L’émotion, la reconnaissance, la chaleur des liens tissés durant ces années d’études, étaient palpables.
Le macroscope
« Vous avez tous abordé des sujets complexes, difficiles : la transformation, l’héritage, le patrimoine, la ville, les matériaux, la lumière, l’espace… A ces éléments de l’architecture que nous connaissons tous depuis longtemps, vous avez ajouté une nouvelle dimension, celle de la transformation sociétale. Cette vision plus large, à de grandes échelles, comme l’invite à le faire Joël de Rosnay, est de plus en plus présente dans vos travaux » a observé Daniel Schoen, architecte diplômé de l’école.
Un « acte culturel »
Il relève aussi que les projets de fin d’études ont tous abordé les problématiques d’identité, de culture, d’histoire. L’architecture étant vue comme « un acte culturel ». « Vous y avez injecté du rêve, de la sensibilité, de l’engagement, votre point de vue personnel. Le PFE est l’exercice où vous êtes invité, à exprimer vos émotions et sentiments profonds. Continuez de nourrir et exprimer vos convictions personnelles, nous en avons besoin, et cela révèle votre authenticité » a-t-il assuré.
« Prendre le taureau par les cornes »
Il a reconnu que l’intégration de toutes ces dimensions complexes est un défi : « Comment se construire un discours, une ligne claire, une conviction que l’on va devoir défendre, devant l’équipe des intensifs, vos enseignants, le jury ? ».
Il a rappelé que, s’il est crucial d’adopter cette analyse macroscopique du contexte, de plus en plus large, « il ne faut surtout pas perdre l’essentiel : le savoir-faire de l’architecte qui consiste à prendre le taureau par les cornes. C’est cette capacité à concevoir et construire un projet, à faire la synthèse, à spatialiser les choses, à les représenter, à les poser sur la table. »
Yin et yang
Une autre manière de voir les choses est de toujours veiller à associer le yin et le yang. « Aujourd’hui, nous sommes beaucoup dans le yin, car notre monde a besoin d’écoute, de prendre soin, d’eau, de fraîcheur, de silence, de collectif, de repos. Mais n’oubliez pas le yang qui nous invite à construire, à nous projeter, à avancer, à faire preuve de détermination. Mon invitation est : élargir votre pensée, pour une meilleure compréhension, et être dans la proposition ».
Pouvoir de transformation
Avec une certaine théâtralité, Daniel Schoen a illustré le pouvoir de l’architecte, et donc sa responsabilité, en vertu de sa mission d’intérêt général. « Nous avons la capacité de transformer – ou construire – le réel et d’en faire une réalisation dans un délai très court. Vous avez le pouvoir de créer du rêve et de changer la vie des propriétaires. Notre capacité d’action et de transformation est immense ». L’architecte invite également à (se) poser cette question : de quoi avons-nous vraiment besoin ? Ce qui, parfois, peut impliquer de ne pas construire.
En conclusion de cette cérémonie, Alexandre Grutter, directeur du département architecture, et Christelle Gress, directrice de la formation, ont félicité avec chaleur et émotion les heureux diplômés. « Merci à vous, car vous nous avez comblés et ce soir, nous sommes heureux, grâce à vous » a-t-il conclu, sous une pluie d’applaudissements.