Anke Vrijs partage avec ses étudiants ses "maximes du jour" et autres coups de coeur artistiques, le temps du confinement.
Depuis trois semaines nous sommes confiné·e·s chez nous. La continuité pédagogique est assurée. Merci à l’équipe du service informatique et aux collègues qui étaient à mes côtés pour me téléguider dans mes premiers balbutiements de cours et réunions en ligne.
Au-delà des rendez-vous pédagogiques, concentrés pour ma part essentiellement au premier semestre, j’avais envie de m’adresser aux étudiants d’une autre manière. Pendant ces moments de face à face avec moi-même, le temps est devenu élastique, un temps de réflexion, un temps d’introspection. Je me suis mise à partager mes « maximes du jour », mes lectures et travaux d’autres artistes, avec les étudiants. Certain·e·s y ont répondu. Peut-être que, leur accord obtenu, je publierai certaines de ces perles ainsi collectées. Pour l’heure, voici les trois premiers billets que je leur ai adressés. D’autres suivront.
29 mars 2020
Bonjour à toutes et tous !
Je démarre avec ma maxime du jour, que je partage bien volontiers avec vous :
« Nous sommes tissées de l’étoffe dont sont faits nos rêves. »
W. Shakespeare (La Tempête, Acte IV, Scène I)
J’espère que vous allez au mieux, que vous arrivez aussi à prendre plaisir à être confronté·e·s à vous-mêmes, au silence et au replis.
N’hésitez pas aussi de me/nous solliciter si vous en ressentez le besoin.
En ce qui me concerne, après rangements et nettoyages divers, je me prends le temps de travailler violon et alto, je prépare des toiles pour peindre, je sème au jardin de l’atelier et me dis qu’au lieu de subir cette réclusion, j’accepte ce temps pour prendre du recul, pour rêver et me concentrer sur l’essentiel, les relations humaines et l’échange.
Au plaisir donc de vous retrouver en chair et en os et en bonne santé ! Continuez à tisser (des liens, des envies…).
Bon dimanche encore,
Anke
31 mars 2020
Hello every body !
et tout d’abord merci à celles (sorry il n’y avait pas de messieurs…) qui m’ont envoyé des petits mots fort sympathiques !
« If you don’t act, the danger becomes stronger. »
Ai Wei Wei
artiste Chinois, dissident, a réalisé un film très touchant sur les camps de réfugiés il y a deux ans.
J’aimerais bien vous présenter un autre de mes « chéris » : Jakub Orlinsky, un bon copain d’une amie chanteuse.
https://www.youtube.com/watch?v=yF4YXv6ZIuE
Ce n’est pas son meilleur concert… mais le contexte est complètement en décalage avec ce que l’on peut attendre de la musique classique !
et puis il est aussi brakedancer https://www.youtube.com/watch?v=AAI4tvqcbBI
Si vous accrochez : https://www.youtube.com/watch?v=090Tyap_AEA&t=31s
En vous souhaitant de belles découvertes dans votre refuge monacal, soyez bien avec celles et ceux qui sont avec vous et surtout avec vous-mêmes!
N’hésitez pas de me solliciter au besoin, bonne soirée,
Anke
j’espère que vous vous portez bien. J’ai eu quelques retours (toujours plus de dames…) et vous en remercie chaleureusement.
Pour certain·e·s, le fait de se retrouver confiné·e·s est l’opportunité de cuisiner, de chanter, de prendre des photos, de réfléchir. Merci pour vos images, vos témoignages, vos chants et je gouterais bien volontiers vos exploits culinaires une fois que nous pourrons nous retrouver.
Aujourd’hui je vous fait parvenir la reproduction d’une peinture que j’ai découverte vers 16 ou 17 ans à Amsterdam au Stedelijk Museum. Elle est de Willem de Kooning, artiste néerlandais parti à New York, en 1904, il me semble. C’est cette peinture qui m’a donnée envie de faire de la peinture, de devenir peintre. Elle est pour moi emblématique de l’explosion printanière, de la douceur de la lumière après l’hiver et elle représente pour moi surtout cette énergie débordante dont nous avons besoin pour créer.
Sur le site du Stedelijk Museum, on peut lire à propos de cette oeuvre :
« The title Rosy-Fingered Dawn at Louse Point refers to one of Willem de Kooning’s favourite places in Long Island, New York. During his period in Long Island De Kooning rode his bike daily to Louise Point where he observed the water. While this painting recalls pastoral nature it was, in fact, painted in the artist’s New York studio shortly before he moved to Long Island. The painting is characterized by large expanses of colour, pastel hues and complex surfaces. Colour accumulates to a thick impasto. In this abstract portrayal of a landscape De Kooning was driven by intuition and memory. The artist’s use of pink is reminiscent of flesh and brings to mind his statement: “The landscape is in the Woman and there is Woman in the landscape. ” This was De Kooning’s first painting to be acquired by a European museum. «
Je vous souhaite à toutes et tous un très bon week-end, restez en bonne santé !
Anke